Informations sur le réseau d’espions russes aux Etats-Unis

Un ami m’a demandé sur un forum mon avis sur l’affaire des espions russes arrêtés aux Etats-Unis.

Voici les quelques réflexions en vrac que je lui ai faites n’ayant pas lu tous les articles de presse consacrés à ces 11 espions illégaux :

– Il y a un article Wikipedia détaillé sur cette affaire :
http://en.wikipedia.org/wiki/Illegals_Program
Il est intéressant à lire, c’est un bon résumé sur la biographie des agents illégaux mais il ne donne pas beaucoup d’informations sur les cibles des espions et leurs techniques d’espionnage.

– Les 11 espions étaient des agents dormants illégaux*, c’est à dire qu’ils n’étaient pas des agents sous couverture diplomatique et ils ne bénéficient pas de l’immunité diplomatique, ne seront pas expulsés vers la Russie et vont faire de la prison (peu pour espionnage : 5 ans je crois mais plus pour blanchiment d’argent : jusqu’à 20 ans). Il seront peut-être échangés mais à ma connaissance il n’y a pas d’agent illégal américain emprisonné en Russie donc peu probable
* article wikipedia sur les agents illégaux :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Agent_ill%C3%A9gal
http://en.wikipedia.org/wiki/Non-official_cover

– d’après l’article de Wikipedia, leur vie était assez ordinaire et ils n’étaient qu’au début de leur carrière de taupe : ils n’ont pas eu le temps d’infiltrer des milieux hauts placés.
Et les renseignement qu’ils ont du collecter devait être d’un assez faible intérêt.
Ce n’était pas des agents d’influence non plus sauf pour un potentiel. En effet, aucun sauf un n’était journaliste (la journaliste était sud-américaine et connue pour ses positions anti-américaines).

– Contrairement à Aldrich Ames et Robert Hanssen, ce ne sont pas des américains appartenant à la communauté américaine du renseignement (CIA ou FBI ou autre) qui ont trahi leur patrie. C’était pour la plupart des russes ayant pris illégalement des passeports d’autres pays.

– c’est une victoire pour le FBI : le FBI a fait un très bon travail de surveillance et d’enquête et redore son blason après le 11 septembre et après l’affaire Robert Hanssen (un agent du FBI qui avait trahi pendant 20 ans sans être détecté).
Avec un bémol :
L’intermédiaire entre le SVR et les agents dormants, Christopher Metsos a été libéré sous caution à Chypre et s’est enfui, très probablement en Russie. C’est un petit revers dans cette victoire du FBI.

– ce n’est peut-être pas un hasard si cette affaire est sortie 1 jours après la visite du président russe Medvedev. Certains au FBI ont voulu rappeler à Obama que la Russie étaient encore une ennemie dont il fallait se méfier et que « press the reset button » n’était pas une politique qui pardonnait tout à la Russie.

– Ces arrestations prouvent que le SVR (issu comme le FSB de la scission du KGB juste après la fin de la guerre froide) est encore très actif à l’étranger. A l’inverse, on ne sait pas si la CIA est active en Russie. Probablement que oui.
De même, on sait que le SVR et le GRU sont actifs en France.

– un article intéressant qui a un angle particulièrement captivant : comment les agents illégaux faisaient-ils pour communiquer informatiquement avec leurs officiers traitants (texte caché dans des images, réseaux wi-fi entre PC, connexion sécurisées dans des cyber-cafés de librairies à New York…) et leur matériel (ASUS EeePC 1005 sous windows XP pour l’une avec des problèmes logiciels particuliers :
http://www.networkworld.com/news/2010/063010-russian-spy-ring.html?page=1

Si vous avez d’autres angles ou des infos complémentaires, ça m’intéresse beaucoup, merci de les laisser en commentaire.

Réflexions d’Alexandre Adler sur les espions russes illégaux arrêtés aux Etats-Unis et échangés

Je vous avais parlé de cette histoire d’espions illégaux russes arrêtés aux Etats-Unis dans ce billet du 2 juillet 2010.

Alexandre Adler est revenu sur cette affaire dans sa chronique du 9 juillet 2010 :

Sa thèse défend la futilité d’envoyer des agents illégaux à l’étranger à l’heure d’Internet (sources ouvertes) et de la presse libre où tout journaliste peut interviewer librement tout décideur politique ou haut-fonctionnaire.